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Les tribulations d'un infirmier de santé au travail

Les tribulations d'un infirmier de santé au travail
  • Comment découvrir le métier d'infirmier de santé au travail ? En quoi ça consiste ? Quel est son rôle ? Quels sont ses enjeux ? Quels sont ses avantages ? Faut-il faire le deuil de la technique professionnelle ? Vous trouverez toutes les réponses dans mon
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16 juin 2011

Service autonome versus service inter-entreprises

Pour résumer, lorsqu'on travaille en médecine du travail, pour une entreprise, 2 possibilités s'offrent à vous :
  • soit le médecin est embauché par l'entreprise dans laquelle vous travaillez : votre service de santé au travail fonctionnera en service autonome.
  • soit le médecin appartient à une association de médecine du travail inter-entreprises c'est à dire qu'il n'est pas embauché par votre entreprise et qu'il viendra quelques jours par mois pour voir en visite les salariés de votre entreprise et effectuer (normalement) ce qu'on appelle du tiers temps, soit du travail pour l'entreprise (études de poste, réunions avec employeur, CHSCT, ...etc). Tout ça étant bien calibré et légiféré par le Code du Travail.
  • A titre d'info, en province, vous pouvez aussi travailler directement pour une association de médecine du travail inter-entreprises (pas de cas à ma connaissance en région parisienne).Personnellement, j'ai connu les 2 cas.J'ai d'abord commencé par un service inter-entreprise en site intégré. Certains vous diront qu'en terme d'impartialité du médecin, on ne peut pas faire mieux. Certes, on ne peut tellement pas faire mieux que, du coup, la communication entre le médecin et l'employeur est très difficile "Ah désolé le médecin n'est pas là aujourd'hui", "Bonjour, Mme X a cherché à me joindre pour discuter d'un salarié... Mme X est en rdv, elle vous rappellera ou vous enverra un mail".Et vous, quand on sait que votre supérieur hiérachique direct est votre médecin du travail (même s'il ne fait pas partie de l'entreprise pour laquelle vous êtes embauché) et que votre supérieur hiérarchique  fonctionnel est le RH de l'entreprise qui vous a recruté, vous vous retrouvez très vite dans une situation inconfortable entre 2 chaises. Si tout se passe bien entre votre médecin et l'employeur, pas de souci. Dans le cas contraire, sauve qui peut !! Question à poser lors de votre entretien d'embauche.De plus, le médecin inter-entreprise fait de l'abbatage de consultations quand il est là et peu de réel tiers-temps.Enfin, vous devez jongler avec les outils informatiques du centre inter-entreprises et ceux de votre boîte. Résultat 2 écrans devant vous, 2 pc et 2 systèmes d'exploitation différents avec aucune possibilité de fusionner l'un avec l'autre car vous comprenez, aucun logiciel extérieur à l'entreprise ne peut être importé. La guerre froide !  Et pour vous, difficile de parler de prévention des risques ou d'ergonomie dans ces conditions.Alors il est temps de voir ce qui ce passe en service autonome.Certes le médecin n'est pas toujours facilement joignable entre ses consultations, ses réunions, ses études de postes et ses formations mais il le sera toujours plus facilement que s'il n'était pas là tous les jours.Personnellement, je savoure ce type de fonctionnement. Voir son médecin s'investir autant pour ses salariés et dans l'entreprise est réconfortant et motivant. Il y aura toujours des mauvaises langues pour dire qu'il est trop proche de la Direction Générale ou de telle ou telle organisation syndicale. Oui il y en a qui sont comme ça. Il y a même des médecins du travail syndiqués, comble de l'abération pour un médecin qui se doit d'être le plus neutre possible. Il a le droit d'être en désaccord avec les choix et les méthodes de l'entreprise. Il doit se positionner en tant qu'observateur et conseiller. Uniquement.Avoir un vrai service de médecine du travail avec des activités variées et intéressantes, un rapport annuel médical dans lequel le rapport infirmier y trouve sa place, un plan d'action annuel, organiser des actions de prévention qui intéresseront le médecin ou simplement pouvoir échanger sur des sujets ou des salariés, ... construire son propre service quoi, voilà ce qu'on peut trouver en service autonome.A vous de choisir.   Tableau récapitulatif des seuils de constitution de services autonomes, de services communs à des entreprises constituant une unité économique et sociale et de servicesde site
    Types de servicesConstitution possibleConstitution obligatoire
    SST d’entreprise (au sens strict) SST d’établissement A partir de 412,5 salariés ou de 401 examens A partir de 2200salariés ou de 2134 examens
    SST inter établissements A partir de 412,4 salariés ou de 401 examens  
    SST d’entreprises constituant une UES A partir de 1650 salariés ou de 401 examens  
    SST de site

    A partir de 2200 salariés ou de 2134 examens

     

    http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Services-de-sante-au-travail.html

     

     

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    15 juin 2011

    Le Deuil

    11 ans de services hospitaliers, ça use. Travailler les jours fériés, les week-end, à Noël, en horaires décalées, faire des remplacements impromptus dans d'autres services mais aussi être confronté à la douleur, à la mort, aux incivilités, à des choix thérapeutiques non acceptables,... voilà ce qu'était devenu mon quotidien. Voilà ce qui m'a poussé à changer et à partir. Mais partir pour quoi faire, pour aller où ?

    Devenir infirmier au départ, c'est forcément pour travailler à l'hôpital pour faire de la technique et avoir du relationnel avec les patients. C'est l'essence même de notre métier (vous avez déjà vu des petits soldats partir pour la chasse ?). On est formé pour ça. Alors quand les années défilent que vous avez acquis une bonne technique, que vous avez trouvé votre distance relationnelle, qu'en gage de reconnaissance on vous demande d'être tuteur des étudiants infirmiers voire d'aller dispenser des cours à l'IFSI, à un moment, on a envie de changer d'horizons. Pour moi, le simple fait de changer de service ne me donnait pas satisfactions. J'ai donc commencé à lever mes yeux pour regarder ce qui se faisait. Faire l'école des cadres ? ça me demandait trop d'investissement personnel que je ne pouvais pas donner. Partir dans le privé pour faire du commercial et vendre des produits de santé "vous manquez de prestance". Infirmier coordinateur en résidence pour personnes âgées ? "z'êtes trop jeunes et vous manquez d'expérience"... Enchainer les entretiens et les tests de personnalité dans les entreprises, les cabinets de recrutement et les maisons de retraite, passer des heures sur le net pour déposer son cv et dénicher des annonces et essuyer des refus consécutifs, on souffre dans l'âme. Mais alors je ne serais pas si bon que ça ? Ba t'es juste bon dans ce que tu faisais et pas assez dans ce que tu vises !
    Et puis un jour, la veille de partir 1 semaine au ski, je trouve une annonce pour un poste en médecine du travail. Allez, après tout, un clic, ça coute rien. De toute façon la réponse sera probablement négative comme les autres. Moi, j'y connais rien en médecine du travail.
    Une semaine plus tard, je trouve la réponse dans ma boîte mail : demande de rdv pour un entretien. Allez hop, c'est reparti pour un tour. Rencontre avec le médecin du travail de l'entreprise et l'infirmière qui, visiblement emballées par mes motivations et mes objectifs (retravaillés spécialement pour ce poste là. Ba oui, mon but ne sera pas de manager une équipe ni de vendre x VAC par mois), m'envoient rencontrer la Responsable des Ressources Humaines. Quelques questions plus tard et un entretien plutôt sympa, me voilà devenu infirmier en médecine du travail.
    Mais au fait, qu'est ce que ça fait au juste un infirmier en médecine du travail ? Je ne savais pas trop mais je savais que j'allais pouvoir savourer mes week-end et avoir des horaires de travail "comme tout le monde". 
    Pour ne pas arriver complètement largué, j'ai surfé sur le net pour glaner le plus d'infos possibles et j'avais demandé à venir 1 semaine pour que l'infirmière me montre ce qu'elle faisait.
    Jour J : c'est dur de repartir à 0. C'est tellement différent de ce que j'avais vu et appris. Aucune formation à l'IFSI pour ce domaine. Pas de collègue à qui demander de m'en parler. Bref, livré à moi-même... enfin pas tant que ça, car mon médecin du travail et son assistante allaient sacrément m'aider et me former. 

     

    15 juin 2011

    Explorateur

    Arrivé le jour J (voir message "le deuil" pour ceux qui ne suivent pas), me voilà derrière un bureau avec comme outil principal un ordinateur et un téléphone à la place de mon garrot et ma pince à clamper. Plus de blouse. Le changement était brutal et radical. Mais ce n'était pas pour me déplaire. C'est pas ce que je voulais après tout ?
    L'ordinateur n'était pas un problème pour moi. Ouf ! C'est déjà ça.
    Mon 1er boulot consistait à convoquer des salariés pour leurs visites médicales. Simple, me direz-vous. Sauf qu'il fallait savoir quels salariés convoquer et comment les convoquer. Je ne vais pas faire venir un salarié qui est déjà venu la semaine dernière. De toute façon, il décrochera son téléphone et vous demandera si vous ne vous moquez pas de lui. Là, vous comprendrez tout de suite que venir faire sa visite médicale n'est pas un plaisir pour tout le monde (pour personne devrais-je dire ?).
    L'assistante m'avait gentiment préparé un listing de personnes à convoquer. Me voilà transformé en petite secrétaire du médecin et de son assistante. J'ai envoyé des mails, passé des coups de fils et remplis le planning du médecin. Hourra, quelle victoire ! C'est ça le métier d'infirmier de santé au travail ? Mais c'est carrément facile et pas stressant ! :?
    Chaque jour, j'apprenais de nouveaux mots : visite systématique, visite de reprise ou à la demande du médecin, Code du Travail, CHSCT, accident du travail, maintien dans l'emploi, risques psycho-sociaux, TMS, ...etc
    J'avais la tête farçie les premiers temps. Plus j'en savais et plus je sentais que je ne savais pas grand chose. Je ne voyais que la partie visible de l'iceberg. Le médecin et l'assistante prenaient du temps à m'expliquer les choses. Quand elles étaient là. C'est la joie d'avoir un médecin d'un service inter-entreprises avec soi. Il va et vient mais n'est pas présent tous les jours.
    Mon médecin était très sympa et disponible pour moi. Très compréhensive et patiente surtout.
    Mais rapidement, faire une formation sur la santé au travail devenait indispensable. Non, pas de DIUST ou de licence ou DIU. Y'avait urgence et fallait une formation simple adaptée à mes connaissances... simples. Moi, stupide ? Non mais novice. Fallait commencer doucement. Donc j'ai suivi une formation sur 5 jours à Paris. Règlementation, examens complémentaires, prévention, ...etc ont éclairé mes questions. Je crois quand même que le plus important était de partager son vécu avec la dizaine de collègues qui participaient à la formation. Chacun dans son secteur (tertiaire ou industriel), chacun dans sa région (Paris-Ile de France ou province), chacun dans son fonctionnement (service autonôme ou inter-entreprises), chacun a pu simplement parlé de son expérience, de ses attentes et de ses problèmes. Je suis revenu un peu plus solide et plus sûr à mon bureau, prêt à m'investir davantage.
    Je partais à la conquête d'un nouveau monde : la médecine du travail.

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